Ah ! la permaculture… Ce mot populaire en ce moment qui touche ceux (et surtout nous) qui aspirent à de véritables changements pour vivre dans un monde plus sain. Oui mais voilà, nous avons été plusieurs fois surpris de voir à quel point ce concept pouvait être soit un fourre-tout immense ou réduit à « permaculture = buttes en lasagne, spirale à aromatiques et yoga ». Alors c’est vrai la permaculture ça regroupe plein d’éléments : de l’éthique, de l’écologie, de l’humanisme, du design, des méthodes de culture... Ce qui est dommage c’est d’appliquer une définition réductrice à une démarche qui se veut globale. On pourrait même en débattre dans les salons mondains. Tentons donc d’éclaircir le sujet par notre expérience et par la littérature !
Du coup, c’est quoi exactement ?
Selon nous, la permaculture est une discipline rassemblant plusieurs méthodes nous permettant de concevoir et d’entretenir des systèmes humains inspirés d’écosystèmes naturels. Ceux-ci ont pour avantage d’avoir un fonctionnement mis à l’épreuve depuis des millénaires. Prenant un écosystème que l’on dit naturel par excellence : la forêt…. L’écosystème forestier produit une grande biomasse à l’hectare en faisant avec « les moyens du bord » : le sol, la pluviométrie, la lumière, les êtres vivants... Dans une forêt il y a peu d’intrants provenant de l'extérieur et pourtant une grande production de matière. Il y a enfin, et c'est un point important en permaculture, plusieurs fonctions remplies par chacune des composantes du système, et une maximisation des interactions entre ces composantes.
Inventée par Bill Mollison et David Holmgren en 1970 (whaoooo, c’est vieux!) la permaculture permet de conçevoir un système selon les principes suivant :
- Prévoir l'efficacité énergétique
- Emplacement relatif
- Circulation d'énergie
-
Effet de bordure, ou de
lisière
- Chaque élément doit avoir plusieurs fonctions
- Chaque fonction est remplie par plusieurs éléments
- Travailler avec la nature plutôt que contre elle
- Faire le plus petit effort pour le plus grand changement
- Le problème est la solution
La permaculture peut non seulement s’appliquer au potager mais également à notre habitat, voir à un village. Un véritable emboîtement d’échelle !
PAF ! On est déjà perdus… Un petit exemple ?
C'est parti ! La permaculture est majoritairement appliquée pour les potagers ou les espaces verts de la maison. Concevoir un potager selon les principes de la permaculture peut se faire ainsi : discerner la zone du terrain la plus proche de l’habitat (Zone 1), celle un peu plus éloignée (Zone 2) et enfin celle à l’extrémité de la propriété (Zone 3). Ainsi, on implante son potager nécessitant un passage et des entretiens quotidiens en zone 1, un poulailler et un verger en zone 2, et une zone naturelle où l’humain intervient une fois par an pour couper un peu de bois, chercher un peu d’herbes sauvages en Zone 3. Le potager, le poulailler et le verger sont des composantes qui interagissent dans le système globale « habitat »: le fumier de poule fertilise le potager, les légumes un peu faits et les restes sont donnés aux poules, elles-mêmes vont « purifier le verger » en mangeant les premiers asticots des pommes véreuses tombées au printemps, empêchant ainsi leur reproduction massive durant l’été. Et puis le verger apporte de l'ombre au poulailler, et la zone naturelle héberge des auxiliaires utiles au jardin et au verger… Et on pourrait aller loin comme ça !
Et ne l'oublions pas, l’homme fait partie du système, et s’immisce dedans pour l’optimiser en termes de fonctionnement et d’autorégulation. Ainsi, tout en satisfaisant ses besoins, il adopte un mode de vie soutenable dans le respect des moyens écologiques. C’est-à-dire : il mange les pommes, les œufs, les fruits et les légumes tout en préservant l’équilibre global du système.
OK ! C’est mieux, mais ch’est bien compliqué quand même !
Et oui, cela peut demander de l’empirisme, des connaissances scientifiques, culturelles, naturalistes. Mais aussi et surtout du bon sens ! Rien d’insurmontable quand on est passionnés ! Et aussi de la patience, méditation et réflexion. On s’explique par un petit exemple :
Nous voilà en juin, les beaux jours sont arrivés, et avec eux l’envie de légumes et de fruits frais du jardin… Et là patatra, pas de potager pour planter tomates, courgettes, haricots ! …. Allez ! On s’y met, on décape un peu la pelouse le plus éloigné de la maison, on bêche à donf, on va à jardilud, on achète des plants, on arrose avec l’eau du robinet …. Et là en septembre, le jardin c’est fini pour toujours, le conjoint n’a pas aimé perdre sa pelouse, on a eu beau arroser, biner, arroser et biner encore, les plants ont choppé le mildiou, et maintenant les « mauvaises herbes » prennent le dessus. Déprimé …
Voici un exemple de scénario où la permaculture nous permet de mettre en place un système durable : les beaux jours sont arrivés,
allez hop dans le transat avec un petit jus... hum je verrais bien un jardin ici, mais où le positionner pour que les légumes soient juste à côté de la cuisine, comment limiter le travail au
potager car j’ai le boulot à côté… La réflexion prend le dessus quitte à ce que le potager ne voit le jour qu’à la saison prochaine, ou soit plus petit. Et entre temps, la réflexion est partagée
avec le conjoint, avec des amis jardiniers ou non (quoi de mieux que d’être
accompagné ?), on se renseigne via internet ou des bouquins de plus en plus nombreux dans les bibliothèques (attention tout de même, il y en a beaucoup …)
D'accord, d'accord, en conclusion?
Parfois, comme dit plus haut, il s’agit simplement de bon sens, et certaines
démarches comme la biodynamie, l’agroécologie et même le zéro déchet pourraient se revendiquer de la permaculture... :)
« La permaculture, c’est concevoir des systèmes qui fonctionnent ensemble pour nous approvisionner en nourriture, en eau et en énergie, qui recyclent nos déchets et qui rendent la vie plus facile. »
Jessi Bloom et Dave Boehnlein
Alors voilà, la permaculture peut s’appliquer à beaucoup d’aspects de la vie humaine : énergie, jardin, habitat. Comme la démarche zéro déchet, c’est une démarche progressive, qui permet : d’être acteur, d’avoir une vision globale, d’être connecté à son lieu de vie en faisant avec les moyens du bord, et qui peut, malgré les a priori, être facile à mettre en pratique. Et comme souvent, s’inspirer des retours d’expériences de certains et y ajouter son imagination est un bon moyen pour démarrer !
Alors bon courage dans vos réflexions, mais une fois bien mûries n’oubliez pas de pratiquer non plus 😉
Nos sources :
- Introduction to Permaculture, B. Mollison, Tagari Publications. 1997.
- Introduction à la permaculture : Préface de Claude et Lydia Bourguignon ["Introduction to Permaculture"], Passerelle Eco. 2012.
- La permaculture en pratique, pour votre jardin, votre environnement et la planète, Jessi Bloom & Dave Boehnlein, Ulmer, 2015.
- Permaculture - Parce qu’un petit lien Wikipédia ça éclairci pas mal les choses.
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