Avec le plan Ecophyto 2, la France s’est fixée l’objectif de réduire de 25% d’ici 2020 et de 50% d’ici 2050 le recours aux produits phytosanitaires. Il devient en effet urgent de se détacher de ces produits détériorant notre santé et notre environnement. En sont témoins, entre autres, les scientifiques du CNRS et du MNHN qui constatent à l’entrée du printemps 2018 une diminution drastique des oiseaux liés aux paysages agricoles… Une des solutions pour agir est de se tourner vers l'Agriculture Biologique, mais où en est le marché des produits bio ? Cette agriculture est-elle toujours le symbole d'une alimentation responsable ? On vous explique tout ça tout de suite :)
Où en est l'Agriculture Biologique en France ?
Nous nous sommes réjouis d’apprendre que le marché du bio progresse en France depuis quelques années :
- Des exploitations agricoles se convertissent : en 2017, 4900 producteurs bio de plus sont dénombrés par rapport à 2016, pour atteindre 36 660 producteurs en tout.
- Les consommateurs, eux, achètent plus de produits issus de l’agriculture biologique : le marché s’élève à 7.85 milliards d’euros en 2017, ce qui représente une augmentation de 16% par rapport à 2016. Mais attention, on ne consomme pas 7.85 milliards de produits bio français : environ 30 % des produits sont issus de l’importation.
Nous félicitons cette progression et avons envie de continuer à consommer du bio pour soutenir la filière, notre santé et celle de l’environnement. Mais nous préconisons aussi d’affiner un peu cette consommation. En effet quand on creuse un peu, les distributeurs « bio » ou certains producteurs peuvent nous jouer des tours, et là : ch’est nin toudis prop’… Mais pourquoi donc ?
Produits bio : lien avec santé et environnement
Côté production, on pourrait imaginer une version paysanne de l’agriculture, un endroit où insectes et oiseaux côtoient les planches de cultures diversifiées, fertilisées au fumier ou au compost, avec un agriculteur attentif à la santé de ses sols… Et côté consommation, on retrouve souvent deux écoles : je consomme bio pour ma santé et celle de ma famille, ou je consomme bio pour l’environnement, et donc pour ma santé.
Alors certes, aucun produit chimique de synthèse n’est utilisé, et ça c'est déjà ÉNORME, même s'il existe des exceptions (Pour les motivés : Textes réglementaires ici). Donc pour la santé, on s’en sort plutôt bien, en tous cas sur les produits français, sans être parfait pour autant. Sur les produits étrangers, on peut en douter, car ils ne sont pas aussi bien contrôlés qu'en France, même s’ils proviennent d’un pays européen.
Sur le côté environnement, l'agriculture biologique préserve mieux le climat, la qualité de l'eau et la biodiversité. Mais on a parlé d'exceptions juste au dessus, en voici une : certains produits autorisés sur les plantes, comme le sulfate de cuivre, sont en réalité néfastes pour le sol. Deuxième raison : Une partie non négligeable de la production maraîchère en bio provient de grandes exploitations pourvues de centaines de m² de serres, appelées multi-chapelles (voir photo). Elles sont parfois chauffées et/ou illuminées pour fournir des légumes - pas forcément de saison, et pas forcément adaptés à leurs régions - aux grandes enseignes ou à plusieurs associations de consommateurs à la fois. On ajoute à ça, les 30% d’importations…
Les raisons de ces incohérences
Déjà, 80 % des consommateurs achètent du bio dans les grandes et moyennes surfaces. Il faut donc bien satisfaire la demande. Mais on arrive assez vite sur le fait que l’agriculture biologique peut s’apparenter, parfois, à de l’agrobusiness géant souvent décrié par ses propres consommateurs : voir toujours plus grand, et ce avec une grande dépendance aux matières premières et aux sources d’énergies extérieures… Ce sont ces modèles de production et ces modes de consommation qui font dire que "le bio, c'est cher".
Autres raison, en janvier 2009, le label bio français s'est aligné sur les normes européennes moins exigeantes, notamment sur le pourcentage d'OGM autorisés.
Alors, on fait comment ?
Pas évident ! Le label « AB » est d’abord une bonne garantie pour notre santé s’il estampille des produits français. Mais il en existe d’autres qui le complètent parfois, plus exigeants comme Nature&Progrès ou Bio cohérence (Plus d'infos ici) …
Si on veut manger des produits cultivés avec cohérence entre santé et environnement, pourquoi ne pas mener sa propre enquête auprès des producteurs. On discute de sa ferme, de ses méthodes, et puis pourquoi pas d’aller la visiter. Peut-être que finalement, le producteur du coin non labellisé bio correspondra plus à nos attentes qu’un producteur labellisé, que l'on ne connaît pas, et qui voit dans le bio juste l’opportunité d’un bon business ! :)
Parce que oui, il y a d’autres modèles, comme le micro maraîchage bio. Le maraîcher y travaille avec astuces pour produire le maximum de nourriture à l’hectare en diversifiant ses cultures, en vitalisant son sol et en ayant recours à très peu d’énergie fossile. Une agriculture qui répond aux défis actuels de produire plus par hectare tout en collaborant avec la nature : comme un air de permaculture ? 😊
En conclusion, nous pensons qu’il existe actuellement plusieurs types d’Agriculture Biologique : l’un qui va de paire avec une agriculture paysanne, respectueuse de la santé et de l’environnement, et l’autre qui se contente du minimum imposé par la charte pour engranger plus de profits. On n’impose ni l’un, ni l’autre, mais faire ses choix en connaissance de cause c’est mieux :) Le but à atteindre pour consommer responsable est de se tourner vers des produits fermiers, locaux, de saison et bio… rien que ça ! :p
Nos sources :
- Actu Environnement
- Chambre d'agriculture
- Agence bio (chiffres)
- Agence bio (textes)
- Télégramme
- Reporterre
- Et Jean-Martin Fortier, un jardiner maraîcher
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