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Planter un arbre dans son jardin

L’arbre est un être vivant mystérieux, sacré pour certaines civilisations qui y voit l’être reliant la terre au ciel, ou un être habité par un dieu. Il s’intègre durablement dans son environnement et s’y adapte ainsi d’année en année. Comme tout être vivant, il a besoin de nutriments, de lumière et d’eau pour s’agrandir et s’assurer une descendance. L’arbre ne nous laisse pas indifférents, certains sont simplement reconnaissants de cette grandeur et/ou de cette grande longévité. D’autres lui font des câlins car ils sont sensibles aux énergies générées par les flux de sève en son sein. Et d’autres encore le perçoivent comme une contrainte, puisqu'il encombre la pelouse avec ses feuilles, il concurrence les plantes cultivées, et il nous fait trop d’ombre. Nous, on est plutôt du côté de ceux qui l'aiment bien, mais pourquoi ?

1. Parce que l’arbre tamponne les températures

Après cet été marqué par d’intenses périodes de chaleur de plus en plus nombreuses, qui n’a pas ressenti la fraîcheur apportée par les arbres, dans la rue, au jardin ou en forêt de feuillus? Planter un arbre dans son jardin, c’est assurer à soi-même, à sa maison, aux plantes que l’on cultive, et à nos animaux un microclimat moins chaud en été et plus doux en hiver. 


Un arbre rafraîchit autant que deux climatiseurs, sans consommer d’énergie, et sans réchauffer l’air extérieur. Donc que l’on habite en campagne ou à la ville, chaque parcelle devrait comptait un ou plusieurs arbres :)

2. Parce qu’il participe à la vitalité du sol

L’arbre ameublit, aère, et structure le sol grâce à son réseau racinaire complexe. L'union fait la force, ils le font plus intensément à plusieurs. Ils font partie d'un cycle : ils prélèvent les minéraux en profondeur et les restituent à la surface lorsque leurs feuilles tombent, ou bien plus tard quand ils se décomposent (une sorte d'économie circulaire, zéro déchet ?!). Lorsqu’il pleut, ils améliorent la rétention des sols en eau, bien sûr, mais aussi en minéraux.

En hiver et lors des grandes pluies, ils limitent les phénomènes d'érosion (vous savez quand la terre finie sur la route, dans les maisons ou les rivières?). Ils permettent aussi au sol de conserver l’eau, devenant de plus en plus précieuses lors d’un été comme celui-ci. Aussi, sous nos latitudes, les sols pourvus d’arbres adaptés au terroir sont beaucoup moins sujets à l’acidification.

3. Parce que ses fruits sont on ne peut plus bio !

En plus de ce que nous venons de voir, si nous choisissons de planter des fruitiers, ils pourront nous donner des fruits, plus ou moins selon les années, mais quasiment sans intervention si la plantation est bien réfléchie. Lors d’un petit tour dans son jardin, quelle joie de pouvoir cueillir les fruits de l’arbre que l’on a planté, de les manger directement, ou de faire plaisir à ses voisins, sa famille ou ses amis en leur donnant quelques fruits… 😊

 

Et puis, n’oublions pas que pour obtenir des fruits, les fleurs des arbres fruitiers appartenant à la famille des rosacées doivent se faire polliniser. Planter un arbre est aussi l’occasion de favoriser les pollinisateurs comme les abeilles en leur fournissant du nectar ou du pollen (envie d'en savoir plus sur l'accueil de nos petites abeilles, retour sur notre article ici).

Bien tout ça,  comment je fais ?

1. Je fixe mon objectif

J'en veux un petit ? Un grand ? Je veux de l'ombre ? Des fruits ? Faire des tisanes ? Dans  5 ans ? Dans 15 ans ? Pour moi ? Pour mes enfants ? Pour mes petits enfants ? Cette introspection permet de cerner les différents paramètres du projet, et surtout de réfléchir efficacement à sa mise en œuvre.

2. Je me renseigne pour le choisir

Un arbre est un être vivant, le planter n’est pas un geste anodin, cela nous engage pour plusieurs décennies. Réfléchissons donc un peu… Un arbre planté après une mûre réflexion, dans un endroit adapté, associé à des plantes qui lui permettent de grandir plus vite sera autonome et évitera de devenir enquiquinant en grandissant. Il est ainsi important de bien se renseigner sur son écologie avant de le planter : sur ses besoins notamment, et sur la taille maximale que peut prendre l’arbre. Car tailler un arbre, c’est le perturber, certains supportent très bien la taille, d’autres non. Dans tous les cas, la taille nécessite une intervention de notre part, et peut présenter des risques lorsque l’on grimpe à l’échelle.

 

Pour le sol, chaque espèce à ses caractéristiques.... Une bonne astuce est de se procurer des plants dans des pépinières cultivant des essences locales, adaptées aux conditions pédoclimatiques de chez vous.

3. Je choisis sa place

On prend en compte ce que l'on vient d'apprendre sur lui : son écologie, les caractéristiques du sol, et nos objectifs de plantation. Par exemple, les arbres fruitiers vont plutôt être plantés pas trop loin de la maison pour pouvoir bénéficier de leurs bons fruits sans faire des mètres et des mètres. Tandis que de grands arbres paysagers qui peuvent générer du bois peuvent être plantés plus loin.

4. Je le prends petit et je l'aide au début

Préférons de jeunes plants de petites tailles. En ayant l'impression de gagner du temps en prenant un plus grand, à long terme nous pouvons en perdre. Les jeunes sont plus vigoureux, se réadapteront plus facilement à leur nouveau lit (= moins d'interventions) et vivront certainement plus longtemps.

 

A l’automne, la surface du sol de nos forêts tempérées se jonche de feuilles, c'est-à-dire de matière organique. Sauf exception, celle-ci ne se retrouve pas DANS le sol. Les amendements organiques à la plantation comme le fumier ou le compost sont à mettre en surface pour apporter progressivement des nutriments au sol via l’action de la faune du sol. Bien souvent, l’arbre acquis en pépinière mesure déjà quelques dizaines de centimètres, et le déménagement peut être difficile... Donc quand on le plante, un paillage comme des copeaux de bois ou du foin permettra de favoriser la faune du sol, d’atténuer les variations de température du sol, et de conserver son eau.

5. Je lui donne de la compagnie (mais réfléchie)

Pour nous, la demeure par excellence des arbres est la forêt ou la haie. Quelle est l'organisation de ces écosystèmes? Ils ne sont pas isolés, ils sont encerclés par d’autres arbres, des arbustes ou des plantes de sous-bois. Il peut y avoir de la compétition, mais les arbres apprécient la compagnie, à nous de nous renseigner sur les associations qui marchent, et de les planter à bonne distance pour éviter qu’ils ne se gênent, ou qu'ils nous gêne au bout de quelques années.

Si l’on observe le cœur de la forêt ou des haies, les arbres ne sont quasiment pas entourés d'espèces de la pelouse, les graminées...  Car attention, même si l’arbre y fait face, il s’y associe difficilement car elles concurrencent son réseau racinaire de surface. Dans le paillage qui l'entoure, on peut donc plutôt planter des arbustes fruitiers comme le groseillier, le framboisier et/ou des plantes s’associant bien aux arbres, comme la consoude, la rhubarbe, la jonquille, la jacinthe des bois...

6. Je le laisse vivre sa vie

Donc après avoir réfléchi à quel arbre nous mettons, à ses plantes compagnes, qu'on l'a acheté petit et qu'on l'a aidé (un peu) au début, après on peut le laisser vivre sa vie. Il nous apportera tout ce dont on a parlé au dessus. Enfin, n’oublions pas qu’un arbre produit des fruits pour se reproduire. Donc, pour un fruitier, si le sol est trop riche et que nous lui apportons du fumier et du compost chaque année, pourquoi produirait-il des fruits s’il est assuré de survivre plusieurs années ?

Voilà ! Y'a plus qu'à !

Rien ne vaut une bonne réflexion qui nous évitera bons nombres d’interventions durant la vie de l’arbre. Enfin, ce qui est beau, c’est qu’un arbre nous connecte au passé et au futur. Quelle sensation étrange lorsque l’on contemple un vieux chêne ou un vieux fruitier et que l’on se l’imagine petit au moment de sa plantation, ou de la levée de sa graine. Et quelle sensation également quand on se dit que l’arbre planté nous accompagnera pour des années, et qu'il accompagnera peut-être aussi les générations futures !

 

 

Et n’oublions pas, l’arbre apprécie la compagnie, alors, on n’en planterait pas un deuxième ? :p

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A bientôt, Lucile & Ewen :)

 

Nos sources :

  • SOLTNER Dominique. Planter des haies. Collection sciences et techniques agricoles. 1994.
  • MOLLISON Bill. Introduction à la permaculture, Préface de Claude et Lydia Bourguignon. Passerelle Eco. 2012.
  • WOHLLEBEN Peter. La vie secrète des arbres. Les arènes. 2017.
  •  Joyeux C. Gehin L. Analyses des sols de la Ferme biologique du Bec Hellouin par Claude et Lydia Bourguignon. Institut Sylva. 2016. Ici
  •  Et pour Ch’ti désireux de planter des arbres et arbustes locaux c'est ici

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