Le combat de Vandana Shiva, une indienne au service des semences paysannes

Qui est ce ?

Madame Shiva est une écologiste et féministe indienne ayant reçu en 1993 le prix Nobel alternatif. Titulaire d’un doctorat en physique quantique à l’université d’Ontario Est, elle a créé en 1991 « Navdanya », un mouvement national qui incarne son plus grand combat : protéger la diversité et l’intégrité des ressources vivantes. L’organisme s’intéresse particulièrement aux semences locales, à la promotion de l’agriculture biologique et du commerce équitable.

A l’occasion de la sortie de son nouveau livre « Le cercle vertueux », elle est venue en France et a réalisé trois conférences : à Marseille, Montpellier et Rennes.

Tout est interconnecté…

Des sujets comme les biens communs, la privatisation, l’agriculture biologique, le changement climatique et la répartition des richesses mondiales y ont été abordés. Vandana Shiva a notamment insisté sur l’interconnexion des humains à la fois entre eux et avec la terre, rappelant la nécessité de collaborer avec la nature pour lutter contre l’insécurité alimentaire, souvent la première cause des conflits. L’accent a été mis également sur l’interdépendance entre la crise économique, sociale et écologique que nous vivons actuellement.

Pourquoi un combat basé sur les semences ?

Aujourd’hui, la mise en place de plus de soixante banques de graines en Inde permet aux paysans de s’approvisionner en semences adaptées au terroir et qui possèdent les capacités évolutives de s’adapter au changement climatique. Cette démarche évite également que les fermiers aient recours à des semences brevetées par des multinationales qui exigent en retour des redevances. Mais aussi parce que les semences paysannes sont la source d’une alimentation saine contrairement aux semences brevetées souvent manipulées génétiquement. Pour ces firmes : Si je détiens les brevets sur toutes les semences, je contrôle les fermiers et leurs acheteurs… C’est-à-dire nous. Un petit exemple est à suivre.

La triste histoire de la culture du Bt Cotton

Vandana Shiva illustre le combat de ces banques de graines par l’histoire du Bt Cotton :

En 1998, Mosanto entre en Inde, s’empare des semences de cotons des paysans et y injecte un gène Bt. A l’origine, il s’agit d’un gène provenant de bactéries (Bacillus thuringiensis) produisant des molécules toxiques pour lutter contre un prédateur bien spécifique. Le gène est modifié ici pour ne pas être sélectif : l’OGM Bt Cotton créé est (dans un monde merveilleux) censé lutter contre toutes maladies... La firme leur assure alors des productions assurées tous les ans, sans ajouts de nouveaux produits, en contrepartie d’une petite redevance (bien sûr). La réalité ? Lorsqu’elle arrive en Inde, le cours du coton augmente de 80 000% (non on ne s’est pas trompé sur les zéros). Et l’OGM ne fait pas son travail comme prévu, les cultures ne s’autodéfendent pas et en plus de la redevance à payer, il faudra finalement débourser pour acquérir des pesticides.

Le résultat ? 84% des 300 000 fermiers qui se sont suicidés (non on n’a toujours pas ajouté de zéros …) en Inde depuis 20 ans, pris dans le cercle vicieux des dettes et des cultures ratées, ont été associés à cet OGM et à son « créateur ».

Les solutions pour une meilleure cohérence

Ce qui se passe en Inde n’est cependant pas un cas isolé, en France aussi les semences paysannes sont mal vu par l’agrobusiness. Par l’intermédiaire des importations, les OGM sont déjà présents et ont plusieurs fois essayés de s’implanter dans nos champs. Alors comme acheter c’est voter, le mieux est peut-être d’identifier et de faire vivre les producteurs du coin qui favorisent une agriculture paysanne ancrée dans le tissu économique local.

Et pour nos copines et copains ch’ti, vous pourrez trouver près de chez vous des producteurs bio avec ce lien ou les producteurs locaux ici  ou encore les AMAP ici.